Histoire à succès
Medicago, partenaire de GSK, introduit la production de vaccins COVID-19 en serre, grâce à un mode de fabrication à base de plantes
Au cours de la pandémie de COVID-19, les vaccins à ARNm sont passés d’une technologie prometteuse en laboratoire à des produits efficaces dans le monde réel. Durant la deuxième année de la pandémie, Medicago espère répéter cette magie avec des prophylaxies à base de plantes.
Le vaccin de Medicago est déjà à un stade avancé et commence sa vie non pas dans une usine mais dans une serre, où la compagnie utilise les feuilles de Nicotiana benthamiana, un proche parent de la plante de tabac, comme bioréacteurs pour produire l’antigène du vaccin.
L’approche de fabrication de cette biotech canadienne vise à offrir à la fois vitesse, polyvalence et évolutivité, a déclaré Nicolas Petit, vice-président des opérations commerciales, dans une entrevue.
La plateforme a suscité l’intérêt de GlaxoSmithKline : l’été dernier, les entreprises se sont associées pour intégrer l’adjuvant de GSK dans sa composition. Le vaccin de Medicago, composé de particules pseudo-virales (VLP) à auto-assemblage, est récemment entré dans les essais de phase 3, et la société a publié la semaine dernière des données prometteuses à mi-parcours.
Comme M. Petit l’a expliqué, le processus de fabrication botanique de l’entreprise repose sur cinq étapes : la synthèse, l’infiltration, l’incubation, la récolte et la purification.
Premièrement, Medicago introduit une séquence virale du SARS-CoV-2 synthétisée dans un vecteur bactérien spécifique à la plante, qui est multiplié et utilisé pour infecter les plantes. L’entreprise plonge ensuite les plantes dans une solution contenant le vecteur et applique un vide évacuant l’air des espaces intracellulaires de la plante. «Lorsque nous brisons ce vide, les feuilles des plantes agissent comme des éponges et absorbent la solution», a déclaré Petit.
Une fois que les plantes sont infectées, elles sont stockées pendant quatre à six jours, période durant laquelle leur machinerie cellulaire agit comme une mini-usine pour produire des particules ressemblant à des virus. N. benthamiana «a un système immunitaire faible, ce qui signifie que le matériel génétique peut être hébergé avec succès par la plante sans être rejeté», a déclaré M. Petit. Cela donne à l’entreprise «un bon intervalle de temps pour produire [sa] protéine d’intérêt et récolter» avant que les plantes ne réalisent que quelque chose ne va pas et commencent à se détruire.
Vient ensuite la récolte. Au cours de cette étape, Medicago recueille les feuilles et les mélange en une solution qui ressemble à une «soupe», selon M. Petit. À partir de cette solution, les travailleurs extraient et isolent le matériel vaccinal.
La purification marque la dernière étape, parallèlement aux tests de stérilité et de qualité. L’ensemble du processus prend entre six et huit semaines environ.
L’entreprise s’appuie actuellement sur son usine située dans le Research Triangle Park de Caroline du Nord pour la majeure partie de la fabrication. La biotech l’a construite en 2010 grâce à un partenariat avec le gouvernement américain pour prouver l’évolutivité de la plateforme de vaccins à base de plantes. Dans un contexte pandémique, la construction de cette usine était une sorte «d’exercice d’incendie», a déclaré M. Petit.
Medicago construit également un complexe de 473 612 pieds carrés à Québec, où l’entreprise pourrait éventuellement produire 1 milliard de doses de vaccin par an, a déclaré M. Petit. Le site devrait être mis en opération en 2024, mais Medicago souhaite accélérer le processus pour inaugurer l’établissement d’ici la mi-2023.
L’entreprise a investi 202 millions de dollars dans l’usine, tandis que le gouvernement canadien a misé 143 millions de dollars et le Québec, offert 50 millions de dollars. L’usine emploiera à terme environ 500 travailleurs.
Quant à son vaccin COVID-19, Medicago vise une autorisation au Canada au troisième trimestre 2021. Aux États-Unis, le vaccin de Medicago a obtenu la désignation accélérée de la FDA.
Ce calendrier place Medicago loin derrière Pfizer, Moderna et Johnson & Johnson, mais l’entreprise anticipe tout de même un besoin pour son vaccin dans les mois ou les années à venir, a déclaré M. Petit. Pendant ce temps, une récente publication de données à mi-parcours a montré que le candidat-vaccin de Medicago était sûr, tolérable et déclenchait une réponse immunitaire contre le coronavirus.