Au cours des dernières années, l’ARN messager a beaucoup fait parler : le développement des vaccins de Pfizer et Moderna contre la COVID-19 a constitué la première fabrication à large échelle de ce type de vaccin. Cette molécule très proche de l’ADN permet la création d’anticorps depuis les cellules, enseignant à ces dernières à produire une protéine.
Depuis, la recherche sur l’ARN et l’ARN messager est plus que jamais foisonnante au Québec. Découvrez trois régions qui accueillent des établissements clés pour l’avancement de la connaissance à ce sujet.
Sherbrooke et ses environs
La Chaire d’ARN messager de l’Université de Sherbrooke se penchait sur le cycle de vie de l’ARN bien avant la venue de la COVID-19, soit depuis 2013. En effet, cette molécule joue un rôle central dans la santé humaine; l’étudier permet d’enrichir la compréhension de diverses pathologies et de contribuer aux avancées médicales.
La Chaire se penche particulièrement sur le cycle de vie des ARN et l’impact des motifs structuraux qui le contrôle. Elle poursuit d’ailleurs les objectifs suivants :
- Développer des connaissances dans les domaines de la biologie moléculaire, de la génétique, de la biochimie structurale, de l’évolution moléculaire et de la virologie;
- Soutenir la formation du personnel hautement qualifié;
- Diffuser les résultats dans la communauté scientifique principalement, mais aussi au grand public;
- Mettre en application et transférer les technologies basées sur l’ARN dans le domaine de la génomique.
Les avancées scientifiques de l’Université de Sherbrooke bénéficient du travail de plusieurs organisations. Parmi celles-ci, le Laboratoire Lafontaine, fondé par le chercheur Daniel Lafontaine, apporte une contribution majeure. Ce dernier a été publié dans le PNAS pour une découverte d’importance, qui a rendu possible l’observation de la naissance des structures d’ARN grâce à la lumière (2021).
Parmi les équipes de recherche de la région de Sherbrooke, l’apport du professeur Sherif Abou Elela se doit également d’être mentionné. Ses découvertes à propos du rôle des introns lui ont valu une place dans le top 10 des découvertes de l’année 2019 selon Québec Science!
La région de Québec
Les avancées scientifiques sur l’ARN sont aussi fécondes dans la région de Québec, notamment grâce à l’apport de l’Université de Laval et ses centres de recherche affiliés (CHU de Québec-Université Laval et CERVO). Ceux-ci regroupent plus de 45 laboratoires qui travaillent avec brio au niveau fondamental et appliqué dans les domaines divers :
- Cancer;
- Maladies infectieuses;
- Neurosciences;
- Maladies génétiques et héréditaires;
- Sciences végétales et de l’alimentation.
La Ville de Québec se trouve au cœur de l’innovation, contribuant ainsi au développement d’un nouveau paradigme de biomédicament à partir des ARN messagers, soit les biomédicaments du futur. Des chercheurs et chercheuses sont accueillis par des facultés de domaines variés et prennent une part active dans le développement de la connaissance sur la biologie de l’ARN et les technologies à la base d’ARN. Ces technologies incluent l’édition du génome dans le contexte des maladies neurologiques (Jacques P Tremblay) et l’utilisation de nanoparticules transportant des ARNs non-codants pour stimuler l’immunité innée, utilisées pour fabriquer des vaccins (Denis Leclerc).
Également, un groupe d’excellence au Centre de recherche en infectiologie (CRI) de l’Université Laval travaille activement sur les virus à ARN et les virus émergents et réémergents au potentiel pandémique dont les travaux se sont illustrés pendant la pandémie COVID-19. Au cœur de ces recherches, on trouve notamment le développement d’outils diagnostiques et thérapeutiques, des vaccins et d’immunothérapies ainsi que des avancées importantes sur les mécanismes de dégradation des ARNm chez les eucaryotes unicellulaires pathogènes.
Des projets de recherche ont aussi lieu au Centre de recherche CERVO, notamment sur le développement d’approches thérapeutiques en lien avec l’ARNm et sa régulation pour contrôler la neuroinflammation (Jasna Kriz). L’une des plateformes académiques les plus importantes au Canada (Neurophotonics) y est d’ailleurs dirigée par la Dre Marie-Ève Paquet. La plateforme produit non seulement des virus à ADN, mais aussi des virus à ARN comme les virus rabique, rétrovirus et lentivirus en conditions qui se rapprochent du GLP/GMP. Notamment pour ces raisons, il s’agit d’une ressource majeure pour les chercheurs de partout au pays.
Le Grand Montréal
L’agglomération de Montréal joue également un rôle d’importance pour la recherche sur l’ARN. Plusieurs organisations peuvent compter sur des chercheurs et chercheuses clés en ARN ou dans la recherche en génomique :
- L’ICRM (Institut de recherches cliniques de Montréal) «met la science au service de la santé» : ses chercheurs et chercheuses ont contribué à de nombreuses découvertes d’importance;
- Génome Québec est un véritable pilier dans la province, surtout dans le secteur de la recherche en génomique et permet à la province de se démarquer dans la sphère bioéconomique.
En plus de ces organisations, le milieu universitaire de la région donne place à des projets de recherche d’envergure.
McGill
McGill et Moderna se sont associés pour développer un nouveau vaccin à base d’ARNm pour traiter le VIH en transposant la technologie développée pour les vaccins contre la COVID-19. McGill devient ainsi la première université au Canada à intégrer le programme mRNA Access de Moderna.
Université de Montréal
Les recherches sur l’ARN se multiplient à l’Université de Montréal grâce à l’IRIC, un pôle de recherche et un centre de recherche ultramoderne où se trouve une unité en ingénierie des ARN. Cette dernière œuvre notamment dans la guérison et la prévention du cancer par les thérapies basées sur l’ARN.
Un avenir prometteur
Depuis plusieurs années et encore plus activement depuis la pandémie, plusieurs régions du Québec sont engagées dans des recherches de pointe sur l’ARN et L’ARNm. Les chercheurs et chercheuses de la province brillent par leurs découvertes, et l’avenir s’annonce plus brillant encore.
L’annonce toute récente de la construction d’une usine et d’un centre de recherche Moderna au Canada, dans la région de Montréal, est particulièrement prometteuse!